Le suspens n’aura duré que quelques secondes…
- Updated: février 22, 2014
Nous vous proposons de revenir sur les grands moments que la Formule 1 nous a apporté depuis plusieurs décennies. Cette rubrique «Archives de La F1 en Continu» vous permettra de vous remémorer les courses qui ont été ponctuées par des faits marquants et qui méritent que nous nous y attardions quelques instants…
C’est sans doute l’accrochage le plus célèbre de la Formule 1, mais également le plus sujet à polémique. Le Brésilien Ayrton Senna devient champion de monde 1990 juste après avoir percuté la Ferrari d’Alain Prost lors du Grand-Prix du Japon sur le tracé de Suzuka.
Alain Prost a quitté McLaren pour Ferrari. Et cette saison ci, avant le dernier Grand Prix de la saison, Prost doit absolument gagner pour espérer gagner le titre pour cette année 1990.
Senna, dont le score atteint les 78 points, peut quitter Suzuka avec un second titre entre les mains. Pour Prost, la situation est plus complexe. Avec ses 69 points marqués, il est encore mathématiquement dans la course au titre mais a déjà marqué des points à 11 reprises et devra donc retrancher les points de son plus mauvais résultat s’il marque encore au Japon comme l’exige le règlement de l’époque.
En partant en pôle position, Ayrton Senna obtient un avantage certain sur la grille face au Français Alain Prost. Mais le Brésilien conteste que malgré sa pôle, le Français d’être favorisé, car du bon côté de la piste. Senna ira même jusqu’à plaider sa requête auprès des officiels de la FIA. Malheureusement pour lui et pour le spectacle, sa requête sera purement et simplement rejetée par le président de la FIA de l’époque, Jean-Marie Balestre.
Au signal du feu vert, les monoplaces sont lancées, la Ferrari d’Alain Prost partie pourtant seconde, prend un excellent départ, sans doute grâce à la gomme collée sur la trajectoire. Senna lui patine et se retrouve derrière la Ferrari du Français. Ce n’est après seulement quelques hectomètres, que la McLaren n°27 vient harponner la Ferrari à l’amorce du premier virage. La Ferrari perd son aileron arrière, part en toupie et finit sa course dans le bac à gravier où elle est presqu’instantanément rejoint par la monoplace de Senna. Les deux machines immobilisées, la course finie n’aura duré que quelques secondes pour les deux rivaux. C’est donc à pied que Senna obtient son deuxième titre mondial.
Cette manœuvre particulièrement discutable du Brésilien provoque une immense polémique dans la presse à l’époque. D’un côté il y a les fans de Senna qui estiment que le poleman s’est tout simplement vengé de Prost qu’ils jugent responsable de leur accrochage sur ce même circuit de Suzuka l’année précédente. De l’autre, les pros-Prost croient que Senna a tout simplement commis un attentat contre son rival qui aurait pu très mal se terminer.
La vérité sera seulement connue un an plus tard, toujours à Suzuka, de l’aveu même de Ayrton Senna. C’est en 1991 lors de la conférence de presse organisée après l’arrivée de la course du Grand-Prix du Japon qui l’a vu remporter son troisième titre de champion du monde, Senna avoue avoir intentionnellement provoqué cet accrochage. Convaincu que Prost était favorisé par le président de la FIA Jean-Marie Balestre, le Brésilien avait voulu en quelque sorte se venger de son refus d’inverser les positions de la grille de départ.
Cet épisode constitue le summum de la rivalité entre les deux pilotes qui enterreront définitivement la hache de guerre sur le podium du Grand Prix d’Australie 1993 à Adélaïde, dernière course de la carrière d’Alain Prost et dernier podium des deux hommes.